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L'AUBERGE DU CHEVAL BLANC - Acte II
Bistagne
(Lisant le télégramme qu’il vient de recevoir) " Arrive
Vendredi deux heures ". Mais c’est aujourd’hui, dans dix minutes.
" Venez me chercher gare " par cette chaleur ! Il faut
que j’aille au devant de ce vieux singe. Je vais le recevoir ce vieux gorille.
Où est la gare ? (Criant)
...Cubisol ! Cubisol !
Célestin
Monsieur Bistagne ! J’ai bien l’honneur de vous saluer ! Cubisol,
des tricotages...
Bistagne
Hé ! Vous n’êtes pas l’homme qui boutonne par derrière !
Célestin
Ah, non ! C’est mon papa qui boutonne ! Mois je ne suis qu’une
bouture de mon papa qui est le possesseur du brevet d’invention Cubisol des
combinaisons d’une pièce avec ouverture à boutonnage et déboutonnage par
derrière.
Bistagne
L’auteur ? Le contrefacteur, oui !!
Célestin
Vous n’êtes pas correct ! Je suis toujours la correction
même ! ...La correction exige qu’on me présente aux dames.
Mesdemoiselles, Célestin Cubisol, que les dames appellent toujours le
beau Célestin... Je plais, je plais beaucoup.
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On a l’béguin
Petit enfant dans mon berceau,
J’étais déjà très beau.
Depuis en vérité,
Ca n’a fait qu’augmenter.
Des femmes de tous les pays
Je suis le favori,
La p’tit’ minouche et le coco chéri...
On a l’béguin, on a l’béguin pour ma
silhouette,
Mon élégance, ma souplesse et mon maintien.
On a l’béguin pour la couleur de mes chaussettes,
Mon frais sourire et mon fin profil athénien.
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On a l’béguin pour mon esprit, mes bell’s
manières,
Ma taill’ de guêp’, mon teint de lys, ma peau d’satin...
Je n’y peux rien et j’aime autant me laisser faire.
On a l’béguin, on a l’béguin pour Célestin.
Lorsque j’arrive au restaurant
Tous l’monde est sur les rangs
Pour me r’garder passer
Dans mon veston pincé.
Les femm’s du mond’ sont ébahies,
Les servant’s, ahuries,
Répand’nt partout la sauce du rôti !
(Refrain) |
Hinzelmann
Monsieur Célestin, vous nous avez oubliés...
Célestin
Mais non !
Josépha
Où est-il ce jeune français ? Ah ! C’est vous Monsieur
Célestin ?
Célestin
Célestin Cubisol, que les dames appellent toujours le beau Célestin.
Josépha
Comme les clientes de mon Cheval Blanc vont être contentes... !
Hinzelmann
J’adore prendre le train. C’est beau un compartiment de chemin de fer, n’est-ce
pas Clara ?
Clara
Oui papa !
Célestin
Nous avons fait connaissance pendant le voyage. Le professeur Hinzelman, sa
fille... (En aparté à Josépha) Madame l’hôtelière du Cheval
Blanc... faites-leur moitié prix, je paierai le reste.
Josépha
Je comprends.
Hinzelmann
Madame l’hôtelière, combien coûtent chez vous deux petites chambres sans
lumière... ni service... car la lumière nous l’avons apporté, quant au
service nous le faisons nous même... N’est-ce pas Clara ?
Clara
Oui papa !
Josépha
Mon cher professeur, je peux vous faire la pension complète pour trois francs par jour.
Hinzelmann
Pour nous deux ?
Josépha
Non ! ...Oui !
Hinzelmann
Ah ! Quel bonheur ! Pas cher cet hôtel et tant mieux, la vie n’est
pas facile au jour d’aujourd’hui pour les savants Monsieur Cubisol. Et comme
nous avons la passion des voyages ma fille et moi... N’est-ce pas Clara ?
Clara
Oui papa !
Hinzelmann
Nous voyageons un été sur trois et nous vivons délicieusement pendant les
deux autres sur nos magnifiques souvenirs de notre bel été. N’est-ce pas
Clara !
Clara
Oui papa !
Célestin
Elle est délicieuse cette petite !
Josépha
Et l’air très intelligent ! Mon cher professeur, je vous emmène dans ma
petite voiture, ces jeunes gens seront certainement enchantés de faire la route
à pieds.
Célestin
Savez vous... que votre père... est un magnifique vieux voyageur ?
Clara
Oh ! Oui !
Célestin
Et sa fille, donc...une ravissante jeune voyageuse !
Clara
Oh oui... enfin... Oh... Ah... non... Euh...
Célestin
Ecoutez ma petite Clara, vous êtes bien gentille, mais quel dommage que vous ne
prononciez jamais que des mots d’une seule syllabe. C’est que vous êtes
timide.
Clara
Oh ! Oui !
Célestin
Je vous en prie, soyez un peu plus communicative !
Clara
Oh ! Non !
Célestin
Appelez-moi au moins Célestin.
Clara
Oh ! Non !
Célestin
Pourquoi ? C’est un nom charmant, original, délicieux... Vous ne trouvez
pas ? Célestin.
Clara
Oh ! Oui... Oh ! Non !
Célestin
Un effort... ou je me fâche ! Cé... les... tin !
Clara
Peux pas !! Je zozote ! de naissance, je zozote ! Je n’ai
jamais pu prononcer un " s ". Je suis désespérée.
Célestin
(Zozotant) Ahhh ! C’est
sensationnel ! (Normalement) Allons bon, c’est contagieux, je
zozote aussi. Et le plus drôle, c’est que je suis professeur de diction.
Clara
Oh ! Non !
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Mais quand parut le mois de Mai
Apprenez qu’un jour une princesse
Eut la faiblesse de m’inviter...
(Eut la faiblesse de l’inviter... )
Pour la guérir de zozoter.
Nous étions en Mars, nous attendîmes Avril...
(En Avril, qu’arriva-t-il ?)
Aucun progrès util’
Car pendant l’mois d’Avril
On n’se découvre pas d’un fil...
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Mais quand parut le mois de Mai,
Sur le présent du verbe " Aimer ",
Je pus lui faire entendre
La leçon la plus tendre :
Un p’tit oiseau s’mit à chanter
Afin de la lui répéter ;
La belle au bout de quelques mois
En savait plus long que moi !
(Clara) |
(...)
ARRIVEE DE L’EMPEREUR
Clara
Quel dommage que vous habitiez Saint-Séphorien-Sur-Soise...
Célestin
Pourquoi ?
Clara
Il y a cinq S dans Saint-Séphorien-Sur-Soise...
Célestin
Avec un professeur tel que moi, en quelques leçons vous ne zozoterez
plus ! Répétez après moi : " Je t’aime ".
Clara
Je t’ai... rien du tout !
Célestin
(Agacé) Je vous en supplie Clara,
pas le moindre S là dedans... Allons : " Je t’ai-me ! ".
Clara
Et moi donc Célestin Cubisol de Saint-Séphorien-Sur-Soise avec cinq S, ce que
je t’aime !
REMINISCENCE - ON A L’BEGUIN
POUR CELESTIN
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