C'est
là que j'ai vécu dans les
voluptés calmes
Au milieu de l'azur, des vagues, des
splendeurs,
Et des
esclaves nus tout imprégnés
d'odeurs
Qui me
rafraîchissaient le front avec des
palmes,
Et dont
l'unique soin était
d'approfondir
Le secret
douloureux qui me faisait languir.
Charles
Baudelaire - "La vie
antérieure"
Agite,
bon cheval ta crinière
fuyante
Que
l'air autour de nous se remplisse de
voix
Que
j'entende craquer sous ta corne
bruyante
Le
gravier des ruisseaux et les débris
des bois.
Aux
vapeurs de tes flancs mêle ta chaude
haleine
Aux éclairs de tes pieds ton
écume et ton sang
Cours
comme on voit un aigle en effleurant la
pleine
Fouetter
l'herbe d'un vol sonore et
frémissant.
Allons
! Les jeunes gens, à la nage,
à la nage,
Crie
à ses cavaliers le vieux chef de
tribu,
Et
les fils du désert respirent le
pillage,
Et
les chevaux sont fous du grand air qu'ils
ont bu.
Nage
ainsi dans l'espace ô mon cheval
rapide,
Abreuve-moi
d'air pur, baigne-moi dans le
vent,
L'étrier
bat ton ventre, et j'ai lâché la bride,
Mon
corps te touche à peine, il vole en
te suivant.
Brise tout, le buisson, la barrière ou la branche,
Torrents, fossés, talus, franchis tout d'un seul bond,
Cours. Je rêve et sur toi, les yeux clos je me penche,
Emporte, emporte-moi dans l'inconnu profond !
Sully
Prudhomme - "Le galop"