La pièce L’oscine, la passion d’une cantatrice évoque sous une forme tragi-comique le destin d’une femme saisie par une passion littéralement dévorante pour le chant lyrique.
Une rencontre fortuite avec la musique de Schumann joue le rôle de détonateur et déclenche un mouvement inéluctable, et fatal. Découverte, apprentissage, expériences au sein du milieu du chant, désillusions et espoirs se succèdent jusqu’au dénouement inévitable.
On découvre ou on retrouve ainsi un monde musical avec sa puissance émotionnelle mais aussi ses travers, ses excès et ses ridicules, brocardés avec gaîté tandis qu’au fil des scènes, souvent drôles, parfois grinçantes, le personnage nous entraîne dans l’aventure inouïe de son enchantement.
Une histoire qui s’ouvre sur un incroyable élan et voit peu à peu se dégrader un projet qui se fissure de part en part en même temps que le corps de la cantatrice est dévoré de l’intérieur par cette voix, cet oiseau, cet oscine qui se débat en elle et l’amène à une autodestruction aveugle et enthousiaste.
On entre avec cette femme, dépourvue de toute culture dite classique, dans l’univers de cette musique lyrique souvent réservée à une élite. Elle parle, chante et écoute de la musique, qu’elle accompagne de ses commentaires naïfs et décalés. Sans démarche didactique, jamais illustrative, la musique (empruntée au répertoire classique vocal) tient une place essentielle dans le texte dont elle est l’argument (le parcours individuel d’une cantatrice) et la matière elle-même. De même que la fusion entre texte (poèmes ou livrets d’opéra) et musique caractérise ces pièces vocales du répertoire, ces oeuvres fournissent la chair même du texte de ce monologue. Elles lui confèrent son rythme, ses changements de tonalité, ses variations thématiques et sa puissance dramatique.
Le personnage s’imprègne aussi, par le biais de ses lectures, de la vie des musiciens qu’elle aime, et par un mécanisme finalement assez proche de la « pipolisation » actuelle des artistes, elle s’identifie à ces compositeurs et interprètes, tous bien entendu victimes d’un destin tragique. Elle lit avec avidité les biographies de Schumann ou Mahler comme d’autres lisent Gala ou Voici…
Une autre facette de ce processus d’ingestion / appropriation concerne les textes scientifiques, techniques, médicaux ou philosophiques consacrés au chant qui traversent le discours. Toujours détournés, « trivialisés », ils participent d’un univers mi-savant, mi-toc, celui d’un personnage qui reçoit un fatras d’informations sur le monde sans pouvoir en dégager un sens et déterminer une quelconque direction cohérente pour lui-même. Un personnage qui transforme tout savoir en objet au service de sa croyance personnelle et de son illusion, ce qui le mène à la catastrophe.
Reste la force incroyable du désir qui donne au personnage son humanité, et qui, audelà de cette comédie du monde, garde tendu le fil de l’émotion.
Retrouvez L’Oscine ou la passion d’une cantatrice sur www.oscine.fr
Texte et Jeu : Claire Despierres
Mise en scène : Lola Sémonin, Syndie Kourte
Régie son : Syndie Kourte.
Décors : Frédérick Gagné.
Création sonore : Gérard Bôle du Chaumont.
Musique : Schumann, Mozart, Monteverdi, Malher. (chant de la comédienne et fragments enregistrés).
tragédie, musique classique , chant, humour acide ou comique, on y trouve un mélange plutôt bouleversant, et qui devrait en toucher beaucoup ! osez autre
chose que le comique bien agréable , qui nous fait prendre les soucis du quotidien du bon côté, certes, mais nous harcèle un peu trop ! Et pour fois
délassez vous autrement.….
Tenace toujours convaincue de sa vocation, elle s’accroche à son rêve, avec maturité, n’oubliez pas d’aller la voir… elle en vaut la peine.
Allez voir ce spectacle, vous ne serez pas déçus. C’est d’un style nouveau, prenant pas sévère du tout. J’ai vu la première représentation, à  Dijon et je ne mamquerais pas d’aller le revoir à Paris. Elles ont tant peaufiné leur oeuvre depuis, je me réjouis à l’avance.…